Le phénomène complexe qu’est la métropolisation est une tendance lourde en Europe et dans le monde. Je ne parle pas de métropole, mais de métropolisation, phénomène qui transgresse les périmètres institutionnels. Quelle est la nature des changements en cours ? Nous soupçonnons des évolutions telles qu’il nous faut changer de système de pensée.
L’Agence dit que l’Alsace est métropolisée, ce qui ne veut pas dire que c’est une grande ville, mais que les modes de vie dans nos villages sont devenus comparables à ceux de la ville, avec des aspirations des habitants proches, notamment en termes de services, de tranquillité, de mobilité. Ce lien métropolitain est fait d’apports réciproques, une toile de flux visibles, physiques, et d’autres invisibles et pourtant puissants, financiers, techniques, immatériels.
Quel rapport entre la recomposition des espaces par la métropolisation et nos politiques de mobilités ? Comment réinterroger nos besoins de contournement routier et de transport, d’organisation des stationnements, de logistique urbaine et régionale, par exemple, à l’aune des fonctionnements renouvelés du territoire qui accompagnent sa métropolisation ? Comment rendre cohérentes des politiques pensées à partir de nos communes et grandes collectivités, de la SNCF ou de nos SEM, fragmentées dans leurs cultures, leurs périmètres et leurs compétences ?
Nous démarrons cette réflexion avec l’aide d’un des penseurs de notre temps, Olivier Mongin, éditeur et essayiste, directeur de la publication de la revue Esprit et co-animateur de la revue Tous urbains. Il pense, écrit, publie. Il est l’auteur de livres donnant à voir des changements structurels, avec par exemple « Vers la troisième ville », « La condition urbaine. La ville à l’heure de la mondialisation », « La ville des flux. L’envers et l’endroit de la mondialisation urbaine ».
Au-delà de sa renommée, je voudrais souligner deux aspects de sa pratique. La première est le goût de transmettre, celui de réfléchir collectivement. Derrière l’aventure Esprit, ou celle de Tous Urbains, ce sont des personnes qui s’appliquent, ensemble, à nourrir la société du recul que donne la pensée, je cite : « par approches successives ». C’est un engagement autant qu’un métier. La deuxième est une position politique, qui met en perspective cet engagement. Je cite encore la Revue Esprit : « … une imagination transformatrice doit répondre à la peur de l’impuissance collective et redonner prise sur les évènements. La démocratie n’est pas un jeu d’apparences, elle est un avenir, le seul où donner de la voix n’est pas une soupape dérisoire de l’impuissance. »
Nous avons demandé à Olivier Mongin de bien vouloir nous éclairer, à partir de la richesse de son regard : quel rapport entre les phénomènes comme la mondialisation et ce qui se passe dans nos villes, dans nos villages ? Quelle est la nature de cette transformation de l’espace et du fonctionnement de nos sociétés, qu’on appelle la métropolisation ? Quelle position ou spécificité, s’il y en avait, de nos villes européennes ? Quel rôle pour les flux ? Qu’est devenue la question de la mobilité, quel est le cadre pour la penser ?
Vidéo de la conférence de Olivier Mongin, Editeur et essayiste, directeur de la publication de la revue Esprit et co-animateur de la revue Tous urbains