Les chercheurs mettent la métropolisation au rang des phénomènes majeurs de ces cinquante dernières années, comme un pendant local du phénomène de mondialisation. Quelles évolutions majeures pour nous, habitants, acteurs de l’action publique ou privée, derrière ces mots presque galvaudés tant ils sont utilisés ? Deux cycles de conférences nous aident dans ce défrichage, le premier plutôt sous l’angle des mobilités et le deuxième sous l’angle des modes de vie, que nous initions aujourd’hui avec Marie-Christine Jaillet qui, en tant que sociologue et chercheur précurseur dans ce domaine depuis longtemps, nourrit les politiques publiques de ses réflexions et de ses écrits.
Pourquoi les modes de vie ? Nous avons souvent l’habitude de considérer qu’ils relèvent de la sphère privée, sans penser spécialement leurs évolutions et leur rapport au territoire. L’Agence, en constatant les limites de la catégorisation socioprofessionnelle –dite CSP– pour comprendre les comportements et les choix en termes d’habitat, de mobilité, d’achats, a lancé une grande enquête sur les modes de vie des Bas-Rhinois, sur la base d’une méthode du laboratoire LASUR de l’Ecole polytechnique de Lausanne, avec Vincent Kaufmann. Cette enquête nous a fait prendre la mesure des révolutions en cours, avec des ménages qui vivent non pas avec un idéal de modes de vie, mais six.
Six modes de vie très différents, voire incompatibles entre eux, représentent les pratiques de nos concitoyens. Il est vrai qu’avec quatre générations qui cohabitent et un spectre de valeurs tout-à-fait large, nos « CSP » ne nous permettaient plus d’appréhender la réalité, devenue autrement plus complexe.
C’est ce rapport entre modes de vie et territoires que nous souhaitons explorer, au-delà des notes que vous trouverez sur notre site, sous trois angles complémentaires entre eux : la question des appartenances métropolitaines, la recomposition des territoires métropolitains par les grandes mobilités et les pratiques de mise en lien et de vivre ensemble venant de la société civile.
Dans un monde fragmenté, connecté, stratifié, où l’on se regroupe volontiers par affinités –idéalement plutôt gagner un peu plus que son voisin de bureau et un peu moins que ses voisins de quartier–, quelles options de « vivre ensemble » ?
L’Eurométropole a installé son Conseil de Développement, Strasbourg est la capitale européenne de la démocratie ; ce territoire est coutumier d’expérimentations dans ce domaine, fort de son imprégnation de culture rhénane et humaniste. Cependant, force est de constater dans le même temps la vigueur donnée à l’entre soi, avec de véritables dérives de pratiques en valeurs, limitant de fait les potentiels d’échanges et leur diversité.
C’est dans ce contexte que nous avons invité Marie-Christine Jaillet, qui exerce à la fois comme chercheur avec un certain recul sur la vie du monde et est impliquée dans la vie collective, ce qui donne une grande acuité à son regard. Elle est Directrice de recherches au CNRS ; ses derniers livres sont « Diversité sociale, ségrégation urbaine, mixité », 2008 et « Contre le territoire, la bonne distance », 2009. Elle est dans les conseils scientifiques et les coordinations pour l’Université de Toulouse ou l’IHEDATE, et au même temps, elle préside le Conseil de Développement de Toulouse Métropole.
Vidéo de la conférence de Marie-Christine Jaillet, Directrice de recherche du CNRS et présidente du CODEV Toulouse Métropole