20e rencontre de l'ADEUS - Cycle numérique 2/3 : Modes de vies | décembre 2014

Territoires en transition : convoquer le numérique comme levier politique

Télécharger

Retour vers le futur : les biens communs numériques

Nous devinons notre société aux prémices de mutations profondes, en découvrant chaque jour les potentiels liés à l’outil et à la culture numérique. Des élus souhaitent ouvrir des territoires à ces potentiels par les politiques publiques, avec l’idée que l’initiative des développements revienne aux acteurs économiques et à la société civile. Les collectivités interviennent d’abord en complétant les infrastructures existantes. Elles cherchent aussi à soutenir les filières renouvelées par le numérique : habitat, domotique, centrales de mobilité, construction automobile, réalités virtuelles, comme par exemple la santé avec les équipements d’imagerie médicale. La démocratie participative se trouve confortée par ces nouveaux canaux d’information.

Les collectivités territoriales n’ignorent pas les fractures liées aux usages, que ce soient les risques de perte de compétitivité pour les entreprises qui n’utilisent pas les TIC, ou ceux de distanciation de l’accès à l’emploi ou à la culture pour des personnes qui ne maîtrisent pas ces nouveaux outils. Pourtant, il leur manque une certaine lisibilité. Elles encouragent de multiples facettes de la culture du numérique, sans pour autant en appréhender pleinement les origines et les conséquences. Où va-t-on ? Qu’est ce qui se joue ? Qui gagne et qui perd ? Comment plonger dans un monde devenu incontournable, en choisissant notre direction ?

L’ADEUS s’interroge sur la nature des changements sociétaux en cours, pour faciliter l’adaptation des politiques publiques. Elle en recherche les contours, soupçonnant des mutations anthropologiques, rien de moins. En serait-on à une nouvelle étape, comparable à celle du passage de l’habitat nomade à la ville, dont la densité de stimuli a organisé par l’externe ce que l’on appelle l’individuation, le « fort intérieur », et par là, inventer la démocratie, comme nous l’expliquait Philippe Breton ? Le passage à l’outil numérique serait-il de cet ordre, faisant émerger, par la mise en réseau numérique, une réorganisation du fonctionnement des individus, puis de la société, dorénavant plus vivante par ce réseau, pour le meilleur et pour le pire ? Nous avons bénéficié d’un décryptage brillant par Bernard Stiegler, lors de la première conférence de ce cycle. Il a emprunté à la psychanalyse et aux sciences de la cognition, tout autant qu’à l’économie, à l’histoire ou à l’actualité pour nous rendre lisibles de grandes alternatives du rapport de la société au numérique : soit une intelligence collective partagée par tous dans une société du partage des usages, soit une confiscation de cette mise en réseau par certains, nous transformant en machine de nos propres outils, ce qu’il appelle la « prolétarisation ».

Valérie Peugeot nous explique pourquoi il est temps de réfléchir à la façon dont le numérique peut être mobilisé pour inclure chacun et nous aider à une meilleure appropriation d’enjeux essentiels de fonctionnement de notre société. Parmi les nombreux thèmes qu’elle met en lumière figure la notion de « biens communs », une notion ancienne qui redevient d’actualité, en associant une ressource à un groupe d’usagers, avec des règles de gouvernance de ce groupe. C’est l’émergence d’un nouveau positionnement, qui n’est pas celui d’intérêt général, ni celui d’intérêt public ou d’intérêt privé.

Conférence de Valérie Peugeot, Chercheur à Orange Labs, Présidente de l’association VECAM, Vice-présidente du Conseil national du numérique

20e rencontre de l'ADEUS - Cycle numérique 2/3

Télécharger

Sur le même thème