Observatoire de la voie métropolitaine M35

Note de conjoncture n°2 – Décembre 2022

Suivi des mesures mises en place sur la M35 à la mise en service de l’A355 : Évolutions de trafic entre avril et juin 2022

Synthèse des évolutions

Temps de parcours et ralentissements

… par rapport à fin 2021

La mise en place de l’A355 et des voies réservées sur la M35, ainsi que l’interdiction de transit PL et l’abaissement de la vitesse à 70 km/h, aboutissent toujours à ce stade à des conditions de circulation plus performantes sur la M35. Les temps de parcours et la durée moyenne de congestion demeurent, sur un jour type, plus faibles qu’en 2019. Il y avait par exemple en moyenne près de trois heures de ralentissement quotidien sur la section Vigie−Porte de Schirmeck, contre 41 minutes au deuxième trimestre 2022.

… par rapport au premier trimestre 2022

La régularité des temps de parcours commence à significativement se dégrader depuis mai. Sur la section Vigie−Porte de Schirmeck, le temps de parcours à 17h dépassait rarement les sept minutes au premier trimestre, alors qu’elle peut atteindre les dix minutes au deuxième trimestre.

Parallèlement, les ralentissements sont de plus en plus importants depuis le mois de mai, signe d’occurrences plus nombreuses de situations congestionnées. Sur la même section Vigie−Porte de Schirmeck, la durée quotidienne de ralentissement est passée de 30 minutes au premier trimestre à 41 minutes au deuxième trimestre.

Trafic des poids lourds (PL)

… par rapport à 2019

Au deuxième trimestre, l’interdiction de transit des poids lourds (PL) continue d’avoir une forte influence sur le trafic au sein de l’Eurométropole de Strasbourg, en particulier sur la M35. En effet, le trafic PL est en forte baisse sur cet axe par rapport à 2019 (de -30 % à -50 % selon la section).

Sur la M353, axe sur lequel le transit PL est autorisé, on observe une légère augmentation du trafic PL par rapport à 2019. Il décroît néanmoins au niveau du Pont Pflimlin. Cela pourrait être lié à la diminution globale du trafic PL transfrontalier, comme observé en d’autres points de comptage à l’échelle départementale (D502, D504), mais aussi potentiellement à d’autres phénomènes, encore au stade d’hypothèses :

  • les PL en transit vers ou depuis l’Allemagne privilégient le parcours par la Route de la Rochelle et Kehl au détriment du parcours par le Pont Pflimlin ;
  • les PL ayant pour origine ou destination le Port autonome de Strasbourg ou Kehl privilégient désormais un passage par la M353.

Pour le reste (M351, réseaux départemental et frontalier), les évolutions du trafic PL observées au cours du second trimestre 2022 demeurent dans la continuité de celles observées au cours du trimestre précédent. Il est intéressant de noter que la baisse de trafic PL semble se confirmer sur la D422, au niveau de Soultz-les-Bains. Par ailleurs, même si le trafic PL sur la D468 à Roppenheim a fortement crû, il reste faible en valeur absolue.

… par rapport au premier trimestre 2022

La diminution du trafic PL observée sur la M35 s’intensifie mois après mois depuis le début de l’année. à la station Cronenbourg, il y avait 5 200 PL/jour en moins en janvier 2022 par rapport à la situation de référence, contre 6 300 PL/jour en moins en juin 2022. Ainsi, il ne subsiste plus que 14 000 PL/jour sur la M35 en ce point de comptage (se référer au tableau page 14).

Dans le même temps, le trafic PL sur l’A355 gagne en volume, avec une intensité similaire à la baisse de trafic PL observée sur la M35. On peut y lire un respect accru de l’interdiction de transit PL sur la M35.

Trafic des véhicules légers (VL)

… par rapport à 2019

Le trafic VL sur la M35 atteint désormais, sur certains points de la M35 (Cronenbourg, Baggersee), des niveaux similaires à ceux de 2019. Cette augmentation de trafic s’observe principalement aux heures de pointe du soir (16h–19h), où le débit des VL dépasse fortement celui de 2019. Le trafic global sur l’ensemble du réseau hyper-structurant (M35 + A355) est d’ailleurs supérieur au niveau de 2019 sur la M35 seule depuis le mois d’avril.

En revanche, aux échelles départementale et transfrontalière, le nouveau contexte routier ne semble toujours pas avoir d’influence particulière sur le trafic automobile.

… par rapport au premier trimestre 2022

On constate, par rapport au premier trimestre 2022, une augmentation de trafic VL sur le réseau hyperstructurant de l’Eurométropole de Strasbourg. Sur l’A355, le trafic VL a crû de 66 % entre janvier et juin 2022. Sur la M35, à la station Cronenbourg, il a crû de 13 % sur le même intervalle. Cette augmentation de trafic a principalement lieu aux heures de pointe du soir.

Une première explication à cette augmentation de débit pourrait être liée au fait que l’on observe beaucoup moins de congestions en 2022 qu’en 2019. En effet, lors de situations congestionnées, le débit diminue de plus en plus à mesure que le trafic se densifie.

Or, l’ouverture de l’A355 et l’interdiction de transit PL d’une part, et la limitation de vitesse à 70 km/h sur certains tronçons de la M35 d’autre part, permettent à l’infrastructure d’accueillir davantage de véhicules légers avant que cela ne crée des ralentissements : la capacité de la M35 est rehaussée. Avec moins de congestions, le flux de véhicules peut donc s’écouler plus normalement, et l’on observe une augmentation de débit sans pour autant que la demande ait réellement crû.

Néanmoins, l’augmentation de la capacité d’un axe revient à une augmentation de l’offre, et le rend plus performant. Ce changement dans l’offre d’infrastructure proposée peut conduire à des modifications de comportement dans les choix de mobilité, ce qui conduirait, dans notre cas, à un accroissement du recours à la M35. Cette augmentation de débit peut donc traduire d’autres phénomènes, encore au stade d’hypothèses :

  • un report d’automobilistes depuis des axes secondaires urbains, qui privilégient désormais une M35 devenue fluide pour leurs déplacements alors qu’ils l’évitaient auparavant ;
  • des changements de modes, certaines personnes pouvant préférer désormais la voiture aux autres modes grâce à des temps de parcours et une régularité améliorés sur la M35 ;
  • des changements dans les modes de vie et les lieux fréquentés.

Il conviendra de s’assurer de ces résultats, et seule une analyse sur le temps long permettra de différencier les effets systémiques de ceux plus conjoncturels.

Les questions d’usage et de respect des voies de covoiturage seront quant à elles étudiées d’ici la fin de l’année 2022.