Cette rencontre sur « l’équation de la ville durable » est organisée en partenariat avec l’ADEME Alsace. Il n’est pas simple d’intervenir sur la question du développement durable car c’est un mot-valise : on y trouve des contradictions apparentes, des contradictions réelles, et en plus c’est compliqué. Les praticiens en connaissent les complexités, les règles accumulées, les contraintes, les obligations. En voit-on réellement les bienfaits, les effets concrets, et pour qui ?
Le Rapport Brundtland a fait émerger ce concept en 1987. Aujourd’hui, nous avons une crise économique, financière, sociétale, et j’aime bien rappeler qu’en japonais le mot « crise » veut aussi dire « opportunité » : c’est peut être le moment de réfléchir à ce que veut dire pragmatiquement le développement durable. Ainsi, un point qui me semble très important est l’instinct grégaire à l’oeuvre, tellement continu qu’il n’est peut-être pas suffisamment pris en compte, et la question de la part croissante des villes dans le développement fait partie de cette nouvelle donne.
L’Agence a travaillé en prospective pour avoir de la lisibilité sur les temps à venir et sur ce qui peut se faire en termes de politiques publiques localement. Nous avons pu constater que cette question du développement durable était particulièrement difficile à appréhender car il y a tout à la fois : les questions foncière, énergétique, d’organisation du territoire, des déplacements, de la cohésion sociale…
L’expérience de Jean Haëntjens a l’avantage d’être extrêmement pragmatique, puisqu’il a travaillé sur Saint-Nazaire comme économiste et urbaniste pendant de longues années. Il en a tiré une expérience de terrain qui peut nous aider dans cette complexité qu’est le développement durable, pour voir comment l’appréhender quand il s’agit de villes. Dans sa vision, il propose des démarches plus ouvertes que l’empilement d’actions sectorielles, qui évidemment ne font pas développement durable. Cette question de la transversalité, de la gestion de paradoxe, me semble particulièrement intéressante dans la façon dont il porte une conviction qui lui a fait écrire notamment « La ville frugale ». Je peux signaler aussi la sortie d’un ouvrage par Ariella Masboungi, relatant Saint-Nazaire comme écométropole.
Ce qui est développement durable requiert une notion de qualité nettement supérieure à notre fonctionnement actuel. Nous avons des réelles difficultés financières et de méthode pour passer à un fonctionnement de qualité bien supérieure. Quelles sont nos marges de manoeuvre pour réaliser les investissements nécessaires ? Quelles sont nos alternatives ?
Un mot encore pour évoquer le travail que mène l’Agence pour élaborer une méthode d’évaluation des scénarii de prospective en termes de développement durable. Nous avons pu constater la complexité de travailler sur l’outillage de cette transversalité et sur l’évaluation d’une solution par rapport à une autre. Jean Haëntjens va nous expliquer comment il voit, dans toute cette transversalité, la question du développement durable dans les villes, car c’est sa spécialité.
Anne Pons
Directrice générale de l’ADEUS
Vidéo de la conférence de Jean Haëntjens, Économiste et Urbaniste, Conseil en stratégies urbaines « Urbatopie »
Vidéo de la table ronde avec Jean Haëntjens (Economiste et urbaniste, Conseil en stratégies urbaines « Urbatopie »), Michel Guery (Directeur régional adjoint, DREAL Alsace) et Claude Livernaux (Directeur régional, ADEME Alsace)
