39e rencontre de l'ADEUS : Cycle Mobilité et territoires : transitions, mutations, transformations : Aménagement | novembre 2019

La reconquête de Barcelone : La ville construite autour du piéton

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La première rencontre de l’année, en février 2019, nous a transportés vers un « espace métropolitain Strasbourg/Karlsruhe » inédit, transfrontalier et européen, véritable conférence des territoires, structurée par ces deux métropoles jumelles, au sein du bassin du Rhin supérieur.

C’est un espace ancien et pourtant révélé à nouveau, par la réflexion à l’échelle de la région Grand Est. Les alliances concrètes autour de projets en son sein, entre grandes villes, villes moyennes et villages, y apparaissent comme une modalité majeure.

Renforcer ces alliances par des projets communs, comme de consommer en ville les produits de la campagne, pour conforter les économies locales, comme loger dans les villages une partie de ceux qui travaillent en ville, pour permettre tous les modes de vie, c’est accroitre la résilience de chaque territoire, ainsi inséré dans un réseau de liens réciproques qui les soutiennent tous.

C’est reconnaître l’imbrication des services rendus entre territoires : qui offre du logement, qui offre de l’emploi, des services, des ressources naturelles, des espaces de loisirs, des entreprises, leurs fournisseurs et clients, pour créer un tout à une échelle nouvelle, dite espace métropolitain. L’un ne va pas bien si l’autre va mal, les destins sont liés.

La question métropolitaine reste un enjeu central pour tous nos territoires, tel que je viens de l’exposer très succinctement. Nous avons choisi de l’approcher dans ce cycle par le biais des mobilités, ou plutôt, par la transformation des modèles à partir des mobilités. Car nous sommes évidemment dans une période de transitions, de mutations, de transformations – c’est le nom donné à ce cycle – « mobilité et territoires : transitions, mutations, transformations ».

Il faut comprendre ces transformations comme étant d’abord celles de la société, des modes de vie, l’émergence de nouvelles aspirations des populations, et une prise de conscience des défis planétaires liés à la crise climatique, écologique et énergétique, ensemble avec les révolutions scientifiques et technologiques. On peut donner comme exemple les implications des travaux sur l’intelligence artificielle et la bio mécanique, la société qui change entraine une transformation de nos économies et de l’utilisation de l’espace, comme du temps. Tous ces bouleversements appellent une adaptation de l’aménagement des villes à la vie des gens.

Transition, mutation, on ne reviendra pas en arrière ; la société qui change entraine le besoin de transformation de l’espace de la ville, et d’abord de l’espace public, qui est par excellence le lieu de la mixité, de la confrontation, du conflit, de la stimulation, du partage, de la démocratie. La ville se transforme par le changement d’usage de l’espace public.

Comment transformer la ville, la métropole, les villages, pour les adapter à la vie des gens, pour ne pas rester sur des espaces correspondant aux modes de vie des romains, des gens du moyen âge, ou même de nos parents au XXe siècle ? Sur un même espace, la ville se transforme au cours des siècles, s’adapte aux besoins des habitants. Et il y a des acteurs du territoire dont c’est le métier d’accompagner ces transformations. C’est le cas des agences d’urbanisme et de bien d’autres, collectivités, organismes, chercheurs, associations, et surtout habitants.

On peut, ne pas penser ces transformations, Mais on peut aussi les penser en les réfléchissant, les planifiant, puis en les exécutant dans un deuxième temps. Autre possibilité, on peut penser globalement des principes de transformation, un peu stratèges, autour d’objectifs solides, et les mettre en œuvre en les expérimentant, en s’adaptant en temps réel et au cas par cas.

C’est cette dernière option qui est celle menée à Barcelone, avec notamment l’appui des équipes de Barcelona Regional, l’équivalent de l’agence d’urbanisme de Barcelone. Leur stratégie pour adapter la ville aux défis de ce siècle, est de faire de l’espace de la ville, une prolongation publique de l’espace privé de chacun.

Les principes de transformation spatiale imaginés pour cela prennent en compte prioritairement les mutations de la société et les défis écologiques ; ils sont déclinés de façon très concrète sur les rues, les îlots d’habitation, l’autoroute urbaine circulaire, … et expérimentés soigneusement au cas par cas des quartiers, en grandeur réelle.

J’ai demandé à Josep Bohigas, directeur général de Barcelona Regional, de nous présenter le plan stratégique de transformation de Barcelone. Je lui ai demandé d’insister particulièrement sur la question des mobilités, parce que vous verrez combien les problèmes de Barcelone ressemblent aux nôtres dans ce domaine.Ce travail a valu à ses auteurs un prix européen d’urbanisme.

Josep Bohigas est architecte diplômé de l’Université de Barcelone. Il est aussi brillant que son père Oriol Bohigas, connu pour avoir pensé avec Pasqual Maragall dans les années 80, la modernisation de la ville au moment des Jeux Olympiques. Après avoir monté une agence d’architecture, il a pris la direction de Barcelona Regional pour accompagner Ada Colau, maire de Barcelone récemment réélue, dans des transformations qui pourraient bien être les plus importantes depuis celles des Jeux Olympiques et résolument adapter Barcelone au XXIe siècle.

Vidéo de la conférence de Joseph Bohigas, Directeur de Barcelona Regional.

39e rencontre de l'ADEUS : Cycle Mobilité et territoires : transitions, mutations, transformations

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