La mobilité au temps du confinement

La crise sanitaire du printemps va-t-elle avoir des effets durables sur la mobilité en Europe ? Et sur le télétravail ?

C’est pour disposer d’éléments de réponses à ces questions que l’ADEUS a soutenu une enquête menée par le bureau d’études en mobilité « Mobil’homme », pour la réalisation d’un suréchantillonnage dans l’aire métropolitaine transfrontalière strasbourgeoise. Le premier temps d’enquête a été mené pendant le confinement. Un second temps est programmé « après confinement » pour mesurer les écarts et changements de comportements intervenus.

La peur de la contamination, si elle est présente, ne semble pas avoir modifié profondément les images que les personnes ont des différents modes. Par contre une aspiration forte se dégage pour réduire sa mobilité liée au travail mais aussi à viser des déplacements de meilleure qualité. Dans les pays où l’image des transports publics était déjà dégradée avant la crise, les usagers souhaitent changer de mode.
La crise a eu pour effet majeur de faire disparaitre plus de la moitié des déplacements réalisés pour le travail.

Parmi les actifs qui ont continué à aller travailler, le recours à la voiture et à la marche a augmenté partout. Il est pertinent de se demander où sont passés ceux qui utilisaient les transports publics avant la crise et qui ont continué d’aller travailler sur leur lieu de travail habituel. En Autriche, en Suisse, en Espagne, et en Allemagne, une majorité des usagers des transports publics qui ont continué à aller travailler sont restés dans les transports publics. A l’inverse, la Belgique, mais surtout la France et le Luxembourg ont connu un abandon très important des transports publics. Deux usagers des transports publics sur trois ont changé de mode en France.

Le recours au vélo a augmenté là où les infrastructures cyclables étaient les plus développées comme à Strasbourg alors que dans d’autres agglomérations le vélo n’a pas été envisagé comme solution crédible de déplacements par les habitants.

Néanmoins, on peut retenir que dans l’ensemble, la voiture a majoritairement récupéré ceux qui n’osaient plus prendre les transports publics, sauf au cœur des villes où la marche s’est imposée.

Ce que révèle aussi l’étude est qu’il existe un potentiel important de télétravail mais que celui-ci est largement inexploité. Nous avons questionné les enquêtés quant à leur souhait de recourir au télétravail à l’avenir. Les résultats montrent qu’une part très importante d’entre eux aimerait effectivement y avoir recours plus fréquemment, en particulier ceux qui articulent au quotidien vie de famille et vie professionnelle. Inversement une autre proportion non négligeable de salariés ne souhaite pas s’engager dans cette voie. Le contexte actuel semble donc être favorable à ce que le télétravail augmente fortement en Europe comme conséquence durable de la crise sanitaire de 2020, modifiant l’équilibre lieu de travail – domicile dans des dimensions encore inconnues.

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D’autres rapports sont à venir et nous vous en tiendront régulièrement au courant.